Château Chasse-Spleen

L'histoire du Château Chasse-Spleen

Les origines du domaine et l'avènement de Chasse-Spleen

Au début du XVIIIe siècle, M. Gressier, un grand bourgeois bordelais, acquiert une parcelle de terre sur la route menant à Pauillac, où il construit des communs et une chartreuse. Le hameau sur le sommet de cette croupe de graves se nomme Grand Poujeaux. M. Gressier s'engage dans la production de vin de qualité, qui acquiert rapidement une belle notoriété.

C’est lors de son passage à la propriété, en 1820, que Lord Byron donna inconsciemment son nom au domaine. Il s’exclama que ce vin n’avait pas son pareil pour chasser cet état de profonde mélancolie, qu’est le spleen. Odile Redon, célèbre peintre notamment pour avoir illustré les Fleurs du mal du poète Charles Baudelaire, était le voisin de l’exploitation viticole. C’est en 1863, qu’il aurait soufflé à Rosa Ferrière, propriétaire du Château à l’époque, le nom si évocateur de Chasse-Spleen...

En 1820, à la suite d'une indivision, la propriété se scinde en deux. La partie héritée par Lucrèce, la fille de M. Gressier, ne dispose pas d'un nom. C'est en 1862, à l'occasion de la Foire universelle de Londres, que Rosa Ferrière, la belle-fille de la fille, choisit le nom de Chasse-Spleen. Ce nom évocateur et marquant est inspiré par la légende selon laquelle lord Byron aurait complimenté l'arrière-grand-père de Rosa pour son vin n'ayant pas son pareil pour chasser le spleen.

Rosa Ferrière, une femme de caractère et une pionnière du marketing

Rosa Ferrière est une femme de caractère, protestante et créatrice d'une école de cette confession dans le village de Moulis-en-Médoc. Elle renforce la notoriété du domaine de Castaing Grand Poujeaux, dont plusieurs millésimes sont présentés à l'Exposition universelle de Londres. Souhaitant se démarquer de ses voisins, elle fait appel à Odilon Redon, alors jeune artiste bordelais, pour trouver un nom original et anglophile pour son vin : Chasse-Spleen.

Les Segnitz et la confiscation de Chasse-Spleen pendant la Première Guerre mondiale

Au début du XXe siècle, les Segnitz, une famille de marchands allemands, achètent le Château Chasse-Spleen à la veuve Ferrière. Sous leur égide, le vin connaît une envolée de notoriété dans l'Allemagne du Nord. Cependant, en 1914, la Première Guerre mondiale éclate et Chasse-Spleen est confisqué en tant que bien appartenant à l'ennemi. Les Segnitz renouent rapidement avec les nouveaux propriétaires pour redistribuer le vin dans leur pays, et Chasse-Spleen reprend sa marche en avant sur ce marché.

Les Lahary et la modernisation du domaine

En 1922, Prosper Lahary, un riche propriétaire terrien landais, achète Chasse-Spleen aux enchères. Grâce à ses revenus forestiers, il investit dans la modernisation du domaine et assure sa prospérité. Son fils, Franck, succède à Prosper et développe une véritable passion pour le vin. Sous sa direction, Chasse-Spleen bouscule le classement de 1855 et devient le premier des crus bourgeois.

L'ère Merlaut et l'expansion du groupe

En 1976, Jacques Merlaut, un négociant en vin bordelais, acquiert Château Chasse-Spleen. Il poursuit l'expansion de son groupe en achetant d'autres propriétés viticoles et négoces bordelais, ainsi que des domaines dans d'autres régions françaises. Ses enfants et petites-filles prennent progressivement la relève, et le groupe Merlaut devient un acteur incontournable du monde du vin.

Céline Villars et Jean-Pierre Foubet, un tandem passionné à la tête de Chasse-Spleen

En 2000, Céline Villars, petite-fille de Jacques Merlaut, rejoint Château Chasse-Spleen et engage son mari, Jean-Pierre Foubet, à la direction générale du domaine. Tous deux passionnés par le vin et son univers, ils apportent leur expertise au management de Château Camensac, cinquième cru classé, acheté conjointement en 2005. Grâce à leur engagement et leur amour du vin, Chasse-Spleen continue de briller parmi les fleurons du Médoc.

Le terroir du Château Chasse-Spleen

Niché au cœur de Moulis-en-Médoc, le Château Chasse-Spleen trône majestueusement sur les croupes du Grand-Poujeaux. Baigné par la proximité de la Garonne, son vignoble s'épanouit dans un terroir exceptionnel, mêlant argile, calcaire et graves garonnaises. Cette alchimie favorise la persévérance des vignes, donnant naissance à des baies aux sucs d'une densité remarquable.

Le vignoble s’étend sur 100 hectares pour les rouges, composé de 55% de Cabernet Sauvignon, 40% de Merlot et 5% de Petit Verdot ; pour les blancs, les vignes sont réparties sur 1,8 hectares, avec 50% de Sauvignon Blanc et 50% de Sémillon. La moyenne d’âge des vignes est de 35 ans. Dominant les croupes du plateau Grand Poujeux, le Château Chasse-Spleen bénéficie d’un terroir exceptionnel typique du Médoc. Les sols sont composés de graves garonnaises en surface avec un sous-sol argilo-calcaire. La conduite de la vigne est traditionnelle avec des labours.

Les vendanges sont réalisées à la main. Dès réception, la récolte est égrappée et foulée. Les vinifications sont menées de manière traditionnelle, pour moitié en cuve inox et cuve béton, toutes 2 thermorégulées.

Les vins du Château Chasse-Spleen

Le 1e vin du Château Chasse-Spleen est élevé 18 mois en barrique de chêne, contre 12 mois pour les seconds vins. Le véritable second vin est l’Oratoire de Chasse-Spleen, les autres cuvées sont : l’héritage de Chasse-Spleen, en appellation Haut-Médoc et enfin le blanc de Chasse-Spleen.

Les vins Chasse-Spleen, incarnant l'essence même du Médoc, dévoilent des robes denses pour les rouges et jaune pâle pour les blancs. Au nez, les arômes marqués de fruits rouges, curry et pain grillé imprègnent les rouges, tandis que les blancs dévoilent des notes végétales de pêche et de buis. En bouche, le Chasse-Spleen rouge marie fraîcheur, caractère, fruits et épices, tandis que le blanc offre une palette subtile de verveine et de fleur d'oranger.

Le Château Chasse-Spleen représente 50 à 60% de la production et est issu d’un assemblage majoritaire de Cabernet Sauvignon, qui lui confère la typicité médocaine si remarquable. Les vins sont dotés d’une très belle puissance aromatique, d’un fruité généreux et d’un palais gourmand et suave. Le bouquet est expressif sur des notes torréfiées et de fruits rouges bien mûrs. Les tanins sont fondus et soyeux. Ces vins s’expriment parfaitement au bout de 5 à 10 ans.